APF et vous : Interview de Janine

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Chaque semaine, nous avons décidé de mettre à l’honneur  des acteurs de notre association en les interviewant pour apprendre à mieux les connaitre et qu’ils partagent avec nous leur expérience à l’APF.  

Au fil des articles, vous découvrirez des adhérents, bénévoles ou donateurs,  connus ou peu connus que nous mettrons au cœur de l’actualité.

  • Présentez- vous ?

Je m’appelle Janine Ibot, j’habite aux « Capucines », une résidence aménagée pour l’accueil de personnes handicapées. Anciennement, il y avait les locaux de l’APF du Gard.

  • Quel est votre statut/rôle au sein de l’APF ?

Je suis adhérente depuis 1953/1954 et je faisais aussi du bénévolat dans mes débuts : je tapais les lettres à la machine à écrire, je m’occupais des cotisations annuelles et je participais à la collecte de jouets pendant les fêtes de noël.

  • Comment avez-vous découvert l’association ?

J’ai découvert l’association lorsque j’étais en cure à Lamalou-Les-Bains. C’est une station thermale réservée aux poliomyélites où j’ai rencontré un membre de l’APF. Je lui avais promis que si mon état de santé s’améliorait, je viendrais aider l’association. Après ma convalescence et lorsque j’ai pu remarcher, j’ai tenu ma promesse. J’ai été très active pendant un temps mais j’ai dû reprendre le travail ce qui m’a amené à mettre ma vie associative entre parenthèses.

  • Il existe beaucoup d’associations de ce type en France, pourquoi avoir choisi l’APF ?

Je ne l’ai pas choisi, elle m’est tombée dessus. A ce moment-là, je ne m’intéressais pas aux personnes en situation de handicap, les mœurs étaient toutes autres à mon époque. Avant, les parents avaient honte de leurs enfants lorsqu’ils étaient handicapés, ils étaient cachés et il n’y avait pas toutes ces campagnes de sensibilisations. De nos jours c’est différent, on est porté sur le social, on informe le public et on est attentif sur toutes les problématiques du Handicap.
L’APF a fait un très bon travail à ce niveau, c’est la plus grande association que je connaisse qui défend les droits des personnes en situation de handicap.

  • À quelle activité participez-vous au sein de notre association ?

Je participe seulement au repas mensuel organisé par des bénévoles.
Il y a quelques années en arrière, tous les jeudis on se réunissait pour jouer aux jeux de société et prendre un goûter. On était une sacré équipe et on s’amusait bien ensemble.
Je demandais à Michel (Responsable des activités collectives) de m’inscrire à toutes les sorties et ça bougeait bien! Mais maintenant, à mon âge, on se fatigue rapidement et tenir sur une chaise pendant de longues heures devient difficile.

  • Quel est l’évènement qui vous a le plus marqué ces dernières années ?

Le parcours et les combats de l’APF à travers le temps est remarquable. Ils se sont battus pour faire bouger les choses sur toutes les questions de l’accessibilité, la reconnaissance et les campagnes d’informations. Si une des directrices de mon temps voyait comment l’APF a évolué, elle n’en reviendrait pas ! Ce mouvement national, ces nouveaux locaux à Nîmes et tout ce personnel... Autrefois c’était différent, les locaux de la délégation se résumaient à une seule grande salle et une machine à écrire. On comptait les adhérents sur les doigts de la main. Pour la collecte des fonds on se débrouillait avec la quête et la tombola. On s’écrivait souvent grâce aux cordées, cela aidait les personnes isolées. Sans se connaitre, on se connaissait tous. Il y avait beaucoup de bénévoles qui faisaient les choses avec le cœur.

  • Vous pouvez nous parler des débuts de l'APF ?

J’ai connu M. André Trannoy et sa femme, l’un des fondateurs de l’APF. C’était un bon ami, on s’est vu à plusieurs reprises sur Alès et Paris. Les trois initiateurs de l’association étaient eux aussi atteints de poliomyélite. On échangeait souvent à travers des lettres, on partageait une belle amitié. On lui doit le système « des cordées » (réseau d'entraide entre les personnes handicapées, leur permettant un soutien et une prise en main collective par le biais d’échange épistolaire).
Ils avaient beaucoup de cœur ces jeunes car, leur revendication profitait surtout aux plus démunis. Ces jeunes gens étaient de bonnes familles et ne manquaient de rien. Ils ont commencé petit et regardez où nous sommes arrivés en 2013. Quand je suis venue à Nîmes, en 1956, on faisait avec les moyens du bord. On allait chercher dans les magasins les jouets invendus ou défectueux et on passait nos soirées à les rabibocher pour pouvoir offrir un beau Noël aux enfants en situation de handicap.

  • Qu’est-ce que l’APF vous apporte ?

L’APF c’est tout un état d’esprit, une fraternité, on est heureux de faire partie de cette famille. Les personnes en situation de handicap trouvent un lieu où ils se sentent à l’aise et y sont heureux.
Il faut que ce combat continu. J’ai eu beaucoup de moment de joies notamment pendant les sorties avec notre groupe d’amis, qui s'est petit à petit dissout à cause des aléas de la vie, mais l’APF nous apporte ce confort-là.

  • Avez-vous un message à diffuser à ceux qui vont lire cet article ?

Dans la vie, il faut toujours garder confiance en soi et ne jamais se démoraliser. Il y a toujours quelque chose de bien qui s’en suit. La vie est longue, il y a des hauts et des bas, il faut profiter des moments de bonheur et y croquer à plein cœur.
Concernant mon vécu, je ne suis pas quelqu’un de fragile, je ne me laisse jamais abattre car, j’ai dû apprendre à me débrouiller seule très jeune. Aujourd’hui, quand j’ai un mauvais moment, je m’habille et je sors chez le coiffeur ou au théâtre pour changer d’air. Quand on est en situation de handicap ce n’est pas agréable, je ne le souhaiterai à personne même pas à mon pire ennemi. À mon époque, on n’était pas aidé comme aujourd’hui, si on ne travaillait pas on n’avait pas de sécurité sociale et on finissait sous les ponts.
Il faut avoir beaucoup de courage, tous mes amis qui ont eu ce courage s’en sont sortis, c’est pour cela qu’il faut garder la foi. Et ces mauvaises passes ne doivent jamais vous faire oublier les bons instants que la vie nous offre en cadeau !

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