L'APF et Vous : Interview de Bernard et Christine

 

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Chaque semaine, nous avons décidé de mettre à l’honneur des acteurs de notre association en les interviewant pour apprendre à mieux les connaitre et qu’ils partagent avec nous leur expérience à l’APF.

Au fil des articles, vous découvrirez des adhérents, bénévoles ou donateurs, connus ou peu connus que nous mettrons au cœur de l’actualité.

  • Présentez- vous ? 

Christine et Bernard, 55 et 61 ans. Nous habitons à Nîmes.

  • Quel est votre statut/ rôle au sein de l’APF ? 

Nous sommes adhérents et bénévoles.

  • Depuis quand l’êtes-vous ? 

Christine : Depuis que nous sommes arrivés à Nîmes en 1981. Bernard s’est inscrit en premier et moi j’ai suivi.

  • Comment avez-vous découvert l’association ?

Bernard : mes parents étaient déjà adhérents et je participais souvent à des séjours de vacances « Apf évasion ». De mon temps ça s’appelait « service vacance apf ». Grâce à ce système j’ai pu beaucoup voyager : à Grenoble, Melun, en Bretagne, etc.

Christine : c’est Bernard qui me l’a fait connaitre. Moi j’ai eu un parcours difficile et il a fallu que j’affronte les obstacles toute seule. Le fait d’être deux aujourd’hui, c’est une force ! On se soutient l’un et l’autre !

Bernard : quand j’ai rencontré ma femme, nous avons continué ensemble cette aventure. D’ailleurs notre voyage de noces s’est déroulé à l’étranger, en Italie ! Nous avons aussi eu l’occasion de découvrir : l’Autriche, l’Écosse, l’Île de la Réunion et tant d’autres. Le seul problème que l’on rencontre se situe au niveau du budget, en effet ce sont des séjours assez couteux. Cependant nous en gardons de merveilleux souvenirs. Ces voyages nous ont permis de partager de très bons moments avec des personnes valides et à nous épanouir.

  • Il existe beaucoup d’association de ce type en France, pourquoi avoir choisi l’APF ?

Christine : avant notre adhésion au sein de l’APF, nous étions dans un centre d’aide au travail en Lozère. Un centre comme le CAT des Chênes Verts qui existe à Nîmes. Bernard y est resté 7 ans et moi 3 ans. Bernard travaillait à la menuiserie et moi à l’imprimerie.

Bernard : c’était bien, mais la vie en foyer ne me plaisait pas. Il y avait un règlement intérieur trop strict. Nous n’étions pas considérés comme des adultes, ils nous infantilisaient. C’était seulement les chiffres qui comptaient et la rentabilité; le côté humain n’existait pas... Heureusement, aujourd’hui les mentalités ont évolué.

  • Comment vous êtes-vous retrouvé dans ce centre ? 

Christine : c’est Bernard qui tenait à travailler. Toutefois, les années ont passé et les conditions de vie n’étaient plus supportables. En effet, on n’avait pas beaucoup de liberté et c’était trop rigide. Aujourd’hui c’est différent, on a un appartement et on peut sortir quand on veut.

Christine & Bernard : l’APF nous a été d’une grande aide lors de notre aménagement sur Nîmes. Ce n’est pas évident de quitter un CAT pour vouloir vivre à domicile ! C’est une sacrée aventure ! D’ailleurs, c’est ce que Je relate dans mon livre qui s’intitule « Certitude », il est disponible dans une librairie de la rue de la République.

  • Parlez-nous un peu plus de votre livre ?

Bernard : tout a commencé par une volonté de rédiger une autobiographie. J’ai commencé à une époque où les ordinateurs n’existaient pas ; nous étions encore à l’ère des machines à écrire. J’ai finalisé mon livre en 2005. Ma biographie rassemble des souvenirs et épisodes de ma vie : de mon enfance jusqu’à mon âge adulte, l’école, mon handicap et mon combat pour m’intégrer. Je suis handicapé de naissance et l’écriture de ce livre était importante à mes yeux ; ça a été une manière de me libérer.

  • Quel a été le déclic qui vous a donné envie de changer de vie ?

Christine & Bernard : Notre rencontre ! Nous nous sommes rencontré là-bas et on ne pouvait pas envisager une vie de couple dans un milieu comme celui-ci. Nous nous sommes alors installés à Nîmes dans un immeuble réservé aux personnes handicapées : « Les Capucines ». Il est vrai que de notre temps, le mariage de personnes handicapées avait fait beaucoup de bruit. On a été les premiers à briser le tabou ! C’était incroyable de voir comment les personnes étaient étonnées.

Christine : Je me souviens d’une anecdote très drôle ! Le jour de mon mariage, une vieille dame qui passait devant la mairie, s’était arrêtée et nous avait interrogé : « qu’est ce qui se passe aujourd’hui ? Il y a un enterrement en blanc ? ». On lui avait répondu qu’il s’agissait tout simplement d’un mariage. Ça montre bien les mœurs de cette époque-là… mais ça nous avait fait beaucoup rire !

  • A quelle activité participez-vous dans notre association ?

Chistine & Bernard : Pour le moment nous participons uniquement au repas.

Bernard : Pendant 6 ans, j’ai été élu au conseil départemental de l’APF mais aujourd’hui j’ai arrêté. À mon époque, j’avais à cœur de me battre pour le mouvement « ni pauvre, ni soumis ».

Christine : Bernard a toujours été combattif et surtout pour la cause des autres. C’est dans sa nature. C’est un bagarreur mais dans le bon sens.

  • Connaissez-vous les autres activités de l'association ?

Christine & Bernard : Il y a la peinture, le chant, … Seulement, c’est difficile pour Bernard de participer aux activités parce qu’au niveau praxie, il est limité.

  • Quel est l’évènement qui vous a le plus marqué ces dernières années?

Bernard : Je garde de très bons souvenirs de nos participations aux manifestations à Paris. Nous y avons assistés deux fois : en 1992 et 2008. Elles concernaient le manque d’aides techniques et aides humaines.

Christine : Il y en avait une aussi qui s’est déroulé en 1988, quand Mitterrand était encore président. On pouvait entendre scander dans les foules : « Tonton donne nous des sous ! ». C’était très amusant. Ce qui nous a marqué le plus c’était le fait d’être mobilisés et unis. C’était impressionnant pour les personnes extérieures de voir, surement pour la première fois, des personnes handicapés se mobiliser.

Je me souviens aussi du casse-tête qu’on avait eu le jour de notre mariage. A notre époque, il n’y avait pas d’ascenseur pour accéder à la salle de cérémonie à la mairie de Nîmes et on a été forcé de se marier dans une salle inappropriée au rez-de-chaussée. On n’avait pas le choix, c’était honteux ! Même le délégué au maire n’en revenait pas.

Il faut dire que quand on a débuté notre vie à deux, les premiers temps ont été très difficiles. Au centre de vie tout était déjà prêt, mais dans notre cas Il fallait tout réapprendre: tenir un budget, un appartement, se débrouiller tout seul... Pour nous c’était la panique, l’inconnu. On est arrivé avec deux valises et on s’est dit : est-ce qu’on va réussir ? Il est vrai qu’on a eu des craintes mais on a réussi à les surmonter !

Bernard : Tout seul on ne l’aurait surement pas fait. C’est vrai qu’à deux on se soutient mieux, surtout avec un Handicap ! Si l’autre tombe, l’autre le relève. C’est une vraie richesse.

  • Qu’est-ce que l’APF vous apporte ?

Bernard : Moi j’aime bien le côté relationnel, il manque toutefois encore ce côté revendicatif qui faudrait de nouveau dynamiser en France. C’est très difficile de mobiliser les gens. On est pris dans un engrenage où les gens ont peur de tout et se renferment sur eux-mêmes.

Christine : Moi j’apprécie les échanges tels que : venir pour s’instruire sur des nouvelles choses, partager et apprendre du savoir des autres.

  • Avez-vous un message à diffuser à ceux qui vont lire cet article ?

Bernard : Il faudrait que les choses bougent. Même si on n’a pas les mêmes cultures ou idées, on peut faire avancer les choses ensemble et on les encourage pour ça !

Commentaires

  • Et on se bat pour que les choses changent, croyez-le bien Bernard et Christine... Merci de vos mots

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