Chaque mois, nous avons décidé de mettre à l’honneur des figures locales associatives en les interviewant pour qu’ils partagent avec nous leur expérience sur l’accompagnement et la défense des droits des personnes en situation de handicap.

Ainsi, au fil des articles vous découvrirez, à travers ce nouveau portrait du mois, des personnalités qui contribuent à faire bouger les lignes.

• Présentez- vous ?

Je m’appelle Amélie Toussaint, j’ai 28 ans, je suis gardoise d’origine et maintenant montpelliéraine depuis 4 ans.

Je suis Vice-présidente de la FAAF Gard Lozère (Fédération des Aveugles et Amblyopes de France) et moi-même déficiente visuelle depuis ma naissance.

• Décrivez nous brièvement votre parcours ?

Après l’obtention de mon Baccalauréat Littéraire, je me suis lancée dans des études de psychologie jusqu’à obtenir un master psychologie sociale de l’environnement. Je porte beaucoup d’intérêt à toutes les problématiques de l’environnement, l’aménagement du territoire et notamment l’accessibilité; un domaine qui me passionne.

Parallèlement, je donne des cours d’initiation au braille et aux gestes de la vie quotidienne des déficients visuels à Montpellier II Université des Sciences. C’est une initiation ouverte à tout public, professeurs ou étudiants, pour sensibiliser et informer.

• Qu’est-ce qui vous a amené à la FAAF ?

À partir de mes 7 ans, j’ai suivi des cours de brailles avec une professeure qui se trouvait être l’épouse du président de la FAAF (Mme Helene Manuellil) ; c’est de cette manière que j’ai fait mes premiers pas dans l’association.

J’ai été sollicitée par l’ancien président Florian Auguste pour renouer des liens avec les adhérents et recréer une dynamique au sein de la fédération. Je suis devenue bénévole.

Ensuite, j’ai intégré le Conseil d’Administration et il y a deux ans, j’ai été élue Vice-présidente.

• Pourquoi avoir choisi de vous engager dans la cause du Handicap ?

En premier lieu, parce que je suis moi-même concernée. En effet, étant donné que je le vis au quotidien, je suis la mieux placée pour connaître et expliquer les difficultés rencontrées face au handicap. Mais pas seulement, au-delà de cela, j’ai toujours aimé aider les autres, apporter mon assistance, mon soutien ; des points qui me tiennent à cœur.

• Actuellement, quelles sont vos préoccupations par rapport à la défense des droits des personnes en situation de handicap ?

Nous nous préoccupons en particulier de l’inclusion des personnes déficientes visuelles. On veut que nos adhérents puissent comme tout le monde accéder et jouir de toutes les activités.

• D’après vous, quelles sont les prochains combats à mener dans ce domaine ?

Je reviens encore sur l’accessibilité, un domaine qui demande encore beaucoup de travail. Il faut maintenir son combat sur les points primordiaux tels que la chaîne de déplacements dans la ville, les transports, les établissements encore non conformes dans le but de développer l’autonomie des personnes en situation de handicap.

J’ai pu constater ces carences moi-même à travers mon expérience, et particulièrement durant mon parcours universitaire. À un moment donné, j’ai voulu me réorienter à l’IUFM pour devenir professeurs des écoles mais on ne m’a pas facilité les choses. Les personnes ne comprenaient pas pourquoi un individu déficient visuel voulait s’occuper d’enfants et les conditions d’apprentissages étaient réellement inadaptées; je devais constamment être assisté par une personne. En réalité, les seuls vrais moments où je me suis amusée c’était pendant les stages lorsque j’étais en contact avec les enfants. Finalement, j’ai préféré finir mon master en psychologie.

Il est certain que l’on ne pourra pas tout bâtir pour 2015, mais on essaye au mieux de s’associer avec les pouvoirs publics pour améliorer ces points-là, autant au niveau de l’aménagement que de la sensibilisation du grand public pour éviter que des situations comme celle-ci se répété.

• Comment avez-vous découvert l’APF ? 

On siège ensemble dans beaucoup de commissions et réunions. Les liens entre les deux associations sont antérieurs à mes prises de fonction au sein de la FAAF. Forcément, entre associations qui se battent pour la même cause, c’est normal qu’on travaille ensemble et qu’on se soutienne. Chacun doit pouvoir apporter son savoir et son expérience à l’autre, pour permettre une entraide bénéfique et une collaboration durable.

• Quels liens entretenez-vous avec notre association ?

On entretient des bons liens, Dolorès, la directrice de l’APF et notre président sont fréquemment en contact et échangent sur les informations et nouveautés sur le champ du Handicap. En ce qui concerne notre comité d’accessibilité, animé par mes soins, nous collaborons régulièrement avec les membres du service Access de l’APF, entre autres Michel Brouat et Stéphane Modat.

• Votre association a-t-elle des projets en collaboration avec l’APF ? 

Dans le futur, j’espère qu’il y en aura. On a déjà participé à la réunion « Beauté et Handicap » et ce sera une bonne chose de favoriser un partenariat ensemble.

• Avez-vous un message à diffuser à ceux qui vont lire cet article ?

Si des personnes de l’APF veulent venir découvrir notre association, les portes sont ouvertes et nous les accueillerons avec grand plaisir. On pourra partager sur nos expériences respectives et découvrir les aspects du handicap moteurs et visuels. J’encouragerai aussi vivement les personnes à s’impliquer davantage dans le bénévolat et ne pas en avoir peur.

Nous n’avons pas les mêmes possibilités ni besoins, mais nous nous rejoignons sur le fait que ce n’est pas à nous de nous adapter à notre ville mais à elle de s’adapter à nous.

On en fait déjà beaucoup, c’est pour cela qu’il est de notre devoir de s’allier pour mener ce combat de front.