Educateurs spécialisés

Les éducateurs spécialisés s'estiment menacés par un projet de réforme

 

Très nombreux dans les manifestations jeudi (29 janvier ndlr), notamment à Paris et Marseille, les éducateurs spécialisés protestent contre la révision "à marche forcée" de leur convention collective datant de 1966, qui concerne plus de 240.000 salariés du secteur social et médico-social. Educateurs, moniteurs, travailleurs sociaux, ils s'occupent de jeunes handicapés, ados en souffrance, jeunes suivis par l'aide sociale à l'enfance, dans des centres d'accueil de jour ou internats.

 

"Dans notre milieu, on est rarement en grève, on a du mal à s'organiser", reconnaît Alain Milesi, éducateur dans un établissement médico professionnel (EMP) parisien, mais jeudi, dit-il, c'est une profession qui se sent "flouée", qui est descendue dans la rue. "C'est la casse complète de la profession, le non respect de la population qu'on accueille", affirme Catherine Perret, éducatrice auprès d'enfants autistes, qui a manifesté à Marseille.

 

Le projet de révision de la convention du 15 mars 1966, communiqué le 19 décembre par les employeurs (Fegapei, SOP, SNAPEA), de 113 pages, revient, selon les syndicats, sur des avantages en matière de congés (ancienneté, "récupération"), de rémunérations (indemnité de sujétion spéciale, primes d'ancienneté ...), et les classifications des métiers. Pour les éducateurs interrogés par l'AFP, le document est une "provocation". "Je travaille avec des adolescents en difficulté, qui montrent de l'agressivité, des troubles du comportement, les 6 jours par trimestre de congés supplémentaires me permettent de récupérer", affirme Marie-Pascale Baillot, éducatrice spécialisée dans un internat à Croix, près de Lille. Elle a calculé qu'au même âge et avec la même ancienneté qu'elle, une éducatrice dépendant de la nouvelle convention "gagnera moins" qu'elle, qui touche, à 52 ans, le maximum, soit 2.100 euros net par mois.

 

"Le plus choquant est qu'on organise une baisse des salaires alors que les conditions de travail se sont dégradées", juge Jean-Marie Duriez, éducateur spécialisé à Lille et délégué CGT. "Notre travail relève de la relation humaine, cela prend du temps, alors qu'on nous impose des objectifs et du remplissage", dit-il. Alain Milesi a fait ses comptes : "Si le projet passe, je perds 100 euros par mois de prime de sujétion et 10 jours de congés dans l'année". Il proteste aussi contre le projet de suppression de la reprise d'ancienneté en cas de changement d'établissement : "On est dans un milieu où il ne faut pas rester trop longtemps au même endroit. Or les gens ne vont plus vouloir partir, c'est un appauvrissement de la profession".

 

Après un rendez-vous raté, le 12 janvier, interrompu par des manifestants, une première réunion de travail sur le projet de convention présenté par les syndicats employeurs s'est tenue vendredi à Boulogne (Hauts-de-Seine). "On a décidé de refuser de négocier à marche forcée sur le texte", a affirmé à l'AFP Jean-François Marsac (CGT). Les syndicats se sont entendus sur une base commune, dit-il: "maintien du caractère national et non lucratif du secteur, reconnaissance des qualifications, maintien des salaires et des congés supplémentaires".

 

Pour Philippe Calmette, directeur général de la Fegapei, la convention 66 est "très datée et ne laisse aucune marge aux employeurs". Il prône notamment pour les salaires, une baisse de poids de l'ancienneté au profit de débuts de carrière mieux rémunérés, "car on a besoin d'embaucher de nombreux jeunes". Mais "le projet est largement amendable", dit-il. Une prochaine réunion a été fixée au 19 février. (AFP)

Commentaires

  • Le gouvernement prépare une réforme de la justice des mineurs. Nous sommes un groupe pluridisciplinaire qui voulons témoigner de la complexité de ces questions et peser, avec vous, dans le débat qui va s’ouvrir :

    http://quelfuturpourlesjeunesdelinquants.fr

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