En Suisse, des assistants certifiés offrent leurs services aux personnes empêchées de mener une vie sexuelle. Au nom d'un droit qui, ailleurs, reste tabou.

Michelle (1) aime les hommes. Les jeunes et les vieux. Les beaux et les disgracieux. Les valides et les cabossés. Depuis bientôt deux ans, cette Suissesse de 51 ans, longs cheveux noirs et corps gracile, consacre une partie de son temps libre à une activité taboue de ce côté-ci des Alpes (voir l'encadré, à droite): elle est assistante sexuelle pour handicapés. Lorsqu'elle parle de ses "bénéficiaires", cette adepte de la harpe celtique a des mots de musicienne: "Je joue sur des instruments cassés, abîmés, que personne ne touche." A ces hommes prisonniers d'un corps indocile, elle offre caresses et étreintes. Respect et écoute, aussi. 

Avant de faire ses premières gammes, Michelle a déboursé 3000 euros pour suivre le parcours de formation concocté par l'association romande Sexualité et handicaps pluriels (SEHP). Aux côtés de 11 autres candidats, elle a été sélectionnée après une batterie d'entretiens avec des sexologues et des personnes handicapées qui ont soupesé sa motivation, évalué sa personnalité, jaugé sa sensibilité. 300 heures de cours ont suivi. Il a été question de handicap et de sexologie, bien sûr, mais aussi de droit et d'éthique. Deux participantes ont abandonné en cours de route. 

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(1) Prénoms d'emprunt.  

Source: L'expresse