En pleine "rénovation", l'Agefiph, fonds d'insertion pour les personnes handicapées, fête ses 30 ans

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Fondé par la loi de 1987 instaurant l'obligation pour les entreprises privées d'employer 6% de travailleurs handicapés, le fonds d'insertion Agefiph fête ses 30 ans, entre "progrès accomplis" et inquiétudes pour l'avenir. 

Depuis trois décennies, l'Association pour la gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées collecte les contributions des entreprises privées de plus de 20 salariés qui ne respectent pas ce seuil. Elle les redistribue pour l'orientation, l'insertion et le maintien en emploi des personnes en situation de handicap. 

Mardi, à la Seine musicale (Boulogne-Billancourt), l'Agefiph convie les principaux acteurs des secteurs de l'emploi et du handicap pour saluer les "progrès accomplis" en 30 ans mais aussi évoquer l'avenir, explique à l'AFP Didier Eyssartier, son directeur général.  

A titre de comparaison, pour 7.000 embauches de travailleurs handicapés en 1986, il y en a eu 81.000 en 2016 dans les secteurs publics et privés. Pour une centaine de créateurs d'entreprises, on en recensait 3.300 l'an passé. 

Pourtant, le taux de chômage des personnes handicapées reste très élevé, 19%, deux fois supérieur à la moyenne nationale. Le taux d'emploi dans le secteur privé, actuellement 3,3%, peine à décoller.  

L'an passé, le fonds a engagé une "rénovation" pour mieux mobiliser les entreprises, promouvoir l'emploi dans les secteurs en tension, et sécuriser les parcours des travailleurs handicapés. 

En 2018, elle mettra en oeuvre un service d'appui à l'embauche de travailleurs handicapés pour les TPE et PME. L'Agefiph, qui compte 400 employés et 14 délégations régionales, espère aussi développer l'accueil et l'information des publics, et poursuivre ses partenariats avec Pôle emploi concernant la formation de "référents handicap". 

"L'objectif, dans une logique de société inclusive, c'est que les dispositifs tous publics liés à la formation et à l'insertion, prennent en compte le handicap, pour que ces travailleurs aient les mêmes chances", ajoute M. Eyssartier. 

Car le système de financement des fonds d'insertion (Agefiph pour le privé et FIPHFP pour le public) s'essouffle. En effet, plus les entreprises embauchent et atteignent 6%, moins ils perçoivent de pénalités. 

"Depuis des années, on alerte sur le fait que le modèle actuel ne suffit plus", poursuit M. Eyssartier. Selon lui, "le sujet n'est pas aujourd'hui de savoir qui paye ou pas, c'est d'aider les entreprises à être plus inclusives".  

Lors du récent Comité interministériel du handicap, le Premier ministre Edouard Philippe a estimé que la loi de 1987 n'avait pas donné de résultats satisfaisants et qu'il fallait s'interroger "sur la pertinence du dispositif". 

Une enquête conjointe des inspections générales des affaires sociales (Igas) et des finances (IGF) est en cours pour étudier le modèle de financement. Ses résultats sont attendus à la fin de l'année. 

Article du 01/10/2017 paru sur le site l'Express Entreprise 

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